Berceuse
J'arrive pas à dire. J'ai mal aux mots.
Tout se bouscule dans ma gorge et ça veut pas sortit, ça veut pas passer sur mon écran.
Je ne suis plus confiante. J'ai plus foi. MOn égo surdimensionné, comme dit Nico, est dégonflé. Ce qu'il n'a pas compris, c'est que c'était mon seul bouclier. En dessous, chuis toute petite et j'ai peur.
La date de fin de mon contrat se rapproche et je crois de moins en moins à une prolongation. D'après ce que j'ai compris, j'ai le grand tort d'être un vagin. Eh ouais, aujourd'hui, ici même dans notre pays riche et moderne, il ya encore des gens qui préfèrent faire bosser une paire de couilles. Parce qu'ils ont plus de muscles (pratique pour porter les caisses de livres), parce qu'ils ne tombent pas enceintes, et Dieu sait quoi d'autre.
je me défonce pour ce job, j'y mets tout mon coeur. J'ai plus vu mes amis depuis si longtemps que je me demande s'ils sauront me reconnaitre. Je suis fatiguée au point de faire déconner ma santé. Et j'ai pas le temps d'aller voir un doc.
Je subis les humiliations, les agressions physiques et verbales, l'odeur immonde, la dénigration systématique de mon travail alors que je sais que je le fais bien. Je donne sans compter mon temps et mon énergie.
Et au final, je suis recalée, parce que je suis une femme.
Le pire, dans tout ça, c'est que j'ai même plus envie de me battre. Même plus envie de foutre la merde, histoire de lui montrer que même si chuis déficiente en testostérone, j'peux me défendre et mordre aussi bien qu'un mâle. Ben non.
Là, j'encaisse, je ferme ma gueule et je dis merci.
Adulte. Quelle vie de merde.